Le Petit Prince par JeanneLaska
Le Petit Prince est considéré de par le monde comme un livre pour enfants. Quand j'étais petite, je l'avais chez nous, et je me suis même tapée des adaptations théâtrales plus ou moins réussies. Je n'ai jamais détesté Le Petit Prince, mais je n'en voyais pas vraiment l'intérêt non plus.
Fast forward des années plus tard. J'ai 18 ans, je suis en voyage au Vietnam avec ma famille (vietnamienne), et je tombe sur une édition bilingue du Petit Prince. Amusée, je le prends et le feuillette... Début : je ris. Bam ! Première claque. J'avance jusqu'à l'histoire du mouton : bam ! super claque cette fois. Je pleure. Je suis au Vietnam en vacances et je pleure dans une librairie. WTF?!
On a parfois des idées qui nous semblent profondes, qui conditionnent notre vision du monde toute entière, mais que personne d'autre ne semble partager. Et soudain, on ouvre un livre et on les trouve, là, sur le papier, mises en mots comme on n'aurait jamais pu le faire.
Cette histoire de mouton est la question qui, à mon avis, est à la base de la religion. Je parle au singulier, car j'entends par là le sentiment religieux, le désir de religion, et pas une religion en particulier. C'est une chose que j'interprète très fortement dans la religion chrétienne, peut-être abusivement d'ailleurs, parce que c'est celle que je connais le mieux. Les écrits de Pierre Clastres sur la religion des Indiens Tupi-Guarani (je crois) sont illustrent également mon argument. On est toujours pris entre les défauts du mouton réel et la perfection du mouton qui est dans la boîte. Loin d'être un dilemme banal, je pense qu'il s'agit d'une alternative philosophique essentielle et pourtant très effacée dans le discours général.