Attention: cette revue contient des spoilers sur le livre Le Pouvoir du Moment Présent.
Sur mon chemin pour écrire une revue de ce livre, je suis tombé sur une critique très virulente à son égard et surtout à l'égard de son auteur. Malgré le fait que j'ai beaucoup apprécié ce livre, j'ai pris le temps de lire cette critique, en espérant qu'elle pourrait apporter un peu de nuances à mon avis, notamment en parlant de détails et de passages du livre qui m'étaient peut-être sortis de la tête. Et cette dernière a eu le mérite de me faire réfléchir.
C'est donc sur la base d'une lecture du livre et de cette critique que je vais m'essayer à l'exercice de vous convaincre de lire ce bouquin, tout en n'oubliant pas bien sûr qu'il a sa part de "défauts".
Un peu imbu dans la forme...
La forme étant un aspect très important de la société humaine au XVIème siècle (apparence physique, vêtements, bijoux et toutes les autres possessions matérielles), je peux comprendre que certaines personnes n'arrivent pas à passer outre. Le problème est que, si l'on se concentre sur la forme du propos de ce livre, on passe à côté du plus important (à mon sens): le fond. Alors oui, il faudra passez outre un auteur qui, de par ses propos, fait comprendre qu'il ne se prend pas pour de la merde. Si on est attentif aux détails, il y a "une" vérité (la sienne) et il y a les gens égarés (un gros morceau des 7 milliards d'humains sur terre). Mais soit. Acceptons de partir du postulat que nous sommes "perdus" et qu'Eckhart Tolle a les outils pour nous aider à "trouver".
...mais sage dans le fond
Je pourrai résumer l'entièreté du propos du livre en citant le titre d'un livre de l'auteur Ryan Holiday : L'Ego est l'Ennemi. Mais bon, on ne va pas s'arrêter là.
En prenant un peu de la philosophie stoïcienne et de la religion chrétienne, Le Pouvoir du Moment Présent avance que le malheur humain est essentiellement lié au fait que nous vivons partout sur le spectre de la temporalité, sauf dans le présent. En d'autres termes, nous pensons dans notre tête à un milliard de choses à un instant t, sauf à l'instant t lui-même. Regardez, essayez pendant une dizaine de secondes de ne penser à rien. Faites totalement le vide dans votre esprit.
Vous y arrivez ? Que la réponse soit oui ou non, cette expérience devrait vous permettre de vous rendre compte que votre tête est une véritable fourmilière en permanence où chaque entrée est un souvenir et chaque fourmi une pensée. C'est ce que l'auteur appelle la pensée compulsive.
De la manière que certaines personnes ne peuvent s'empêcher de manger, d'être sur leur téléphone ou de boire de l'alcool, beaucoup d'entre nous (et moi le premier) sommes simplement incapables d'arrêter de penser. Alors attention: l'idée ici n'est pas de dire que penser est une mauvaise chose ! L'idée est que ne pas contrôler sa pensée est une mauvaise chose. Car Eckhart Tolle fait bien la différence entre la pensée compulsive et la pensée utile. Cette pensée utile est celle qui nous sert à l'instant t, soit à accomplir une tâche, soit à planifier ou encore pour plein d'autres actions.
Avant de commencer à s'autoflageller, intéressons-nous au pourquoi du comment: sommes-nous responsables de cette pensée compulsive ? Dans la vie humaine, les émotions, le stress, l'anxiété et tous les autres sentiments que nous pouvons avoir sont réels sur le plan mental. Seulement, beaucoup de ces émotions apparaissent dû au fait que nous ne vivons pas dans le moment présent. Regardez, faites abstraction du passé. Oubliez pendant quelques secondes le futur. Avez-vous un problème ici, maintenant, tout de suite ? Si non, eh bien vous commencez peut-être à comprendre le principe du moment présent. Si oui, eh bien faites en sorte de résoudre ce problème ! Si vous ne pouvez pas le résoudre, alors pourquoi vous prenez vous la tête avec ? Rajouter de l'anxiété sur votre mental n'arrangera rien à ce problème et vous mettra dans une situation d'autant plus précaire. Deux mots: lâchez prise.
Ce petit mélodrame dans lequel notre tête vit en permanence met en exergue les actions de notre ego. Ces actions sont certes inconscientes car automatiques, mais elles sont bien réelles. L'ego ne peut survivre s'il n'existe pas de temporalité. Ce dernier a besoin de se nourrir d'émotions, qu'elles soient positives ou négatives, pour survivre. À cause de ce dernier, toute notre identité est en réalité basée sur notre passé. Mais est-ce vraiment nous ? Est ce que le nous d'hier, d'il y a un mois, d'il y a un an est le nous d'aujourd'hui ? Est ce que ce qui n'importerait pas finalement, c'est ce que nous choisissons d'être là maintenant tout de suite ? Mais pour cela, il faut vivre dans le moment présent.
Combattre son propre ego n'est pas une chose aisée. On peut avoir l'impression que ce dernier est notre ami, notre allié, qu'il nous protège. Mais il n'en est rien. Ce dernier, qui se nourrit de la pensée compulsive, vous imprègne d'une identité de victime de laquelle vous ne pouvez vous détacher si vous vivez autre part que dans l'ici maintenant. Maintenant, il faut comprendre que le livre ne vous demande pas de partir en croisade contre votre moi intérieur. Bien au contraire, il faut en être le témoin, acceptez les émotions telles qu'elles arrivent mais sans les étiqueter. Sans dire : "ça c'est bien, ça c'est mauvais". Il faut simplement accepter ce qui est, ce que vous ressentez et en être le silencieux témoin. Faites l'essai, la prochaine fois que la colère monte en vous. Regardez cette colère dans votre tête comme si c'était un deuxième vous. Regardez là s'agiter et s'énerver pour se mettre dans une position victimaire. Tout de suite, le fait qui était en train de vous amener à vous énervez paraîtra beaucoup moins important. Vous serez entièrement présents. Vous ne serez plus l'objet de la pensée, mais son sujet. Vous ne serez plus l'esclave de votre ego, car sans temporalité, ce dernier disparaît.
Je terminerai ce long monologue en citant Blaise Pascal: « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »
Conclusion
J'ai personnellement été très réceptif à l'approche rationnelle qu'a ce livre d'aborder la vie humaine. En faisant abstraction de cette fameuse forme, je pense qu'on peut réussir à saisir le sens profond de ce que souhaite transmettre Eckhart Tolle.
Vous trouverez peut-être cette critique mal écrite ou même incohérente dans le propos de la partie deux; eh bien, libre à vous de vous en faire votre propre interprétation. Laissez moi simplement vous livrer mon témoignage : étant quelqu'un qui ressent que son ego occupe une place forte dans sa vie, la remise en question avait du mal à venir, que cela soit de moi-même ou de part mon entourage. Mais grâce à ce livre, elle est venue.