Ici, je voulais aborder deux axes spécifiques de ce magnifique témoignage de vie, ces fragments de vie offerts généreusement par notre cher Camus, à nous, l'Humanité.
Le premier, les non-individus, les Hommes sans terre, la colonisation, ce crachat au visage de l'Humanité qui a créé ces êtres errants, à la recherche de leur droit naturel le plus fondamental, un foyer. Camus parle de l'Homme sans foi, sans patrie, ni racines, il parle de l'Homme se rattachant uniquement aux biens matériels les entourant, il parle de désespoir. Ce besoin de haine spécifique aux hommes pour puiser une force dans les abysses afin de pousser, tel Sisyphe, son rocher. Race, religion, moeurs, situation économique, différence tout simplement, chaque caractéristique est convenable dans le but d'édifier son némésis, sa quête, sa raison de vivre... Oui, nous ne restons que des bêtes, et notre bestialité exige un adversaire afin de déverser cette énergie intérieure, dans le cas contraire, le risque d'une explosion interne ne peut être ignoré. Dans ce contexte précis, observant depuis une hauteur, dessinant les contours de ces conflits à l'aide de sa douce plume, Camus décide de chérir la vie de tout son être, c'est le seul choix qu'il lui est présenté pour ne pas s'éteindre. Je comprends désormais pourquoi il est le père de l'absurde.
Le deuxième, la faucheuse des âmes oubliées, la misère. Ici, les mots ne sont pas suffisants afin d'étayer les idées formulées précédemment, les pauvres ont seulement leurs ressentis basés sur leurs instincts. Ici, le mot "misère" ne pointe pas seulement la condition économique, il ouvre les rideaux également sur une absence de lexique malheureuse. Le seul moyen de le combler est l'outil utilisé par la faucheuse, l'argent, toutes les ruses sont acceptées afin d'acquérir la propre cause de sa chute. Tout doit s'oublier, l'individu ne doit pas être apte à construire une structure psychique de résistance face à ce qu'on appelle "argent", l'individu doit s'abandonner tout entier à cette chose nauséabonde, il doit devenir cette chose, l'argent définit l'individu, il est sa raison d'être.
Camus, moi-même, aujourd'hui, j'essaye de m'extraire des cadres intellectuels construits dans mon passé, je veux explorer pleinement ce que l'expérience humaine peut m'offrir. Alors, je te remercie, merci pour ces fragments de savoir, je ne cesserai de pousser.