Le mythe de Faust revisité par la science fiction chinoise

Son auteur, Liu Cixin, auréolé par la critique mondiale et chinoise se présente comme un auteur amateur. Ancien ingénieur informaticien, il a travaillé pendant 30 ans dans une centrale électrique de la province du Shanxi. La « normalité » revendiquée de l’auteur ainsi que sa participation à un des secteurs économiques clés de l’économie chinoise a pour beaucoup contribué au succès de la trilogie en Chine.


Ce roman nous donne à voir une vision chinoise de la civilisation humaine et de son avenir. Par des références subtiles à des ouvrages écologistes comme le Printemps silencieux ou au combat écologique de ses partisans, son auteur pose une question philosophique à ses lecteurs : la maîtrise de la Nature (quoique que toujours partielle) nous donne-t-elle le droit de nous comporter comme des maitres sur la terre ? Ce comportement peut-il justifier une volonté d’anéantissement de l’espèce humaine ? Jusqu’au pousser le progrès technique ? A l’heure ou la Chine fait face à une crise écologique sans précédent, le débat classique sur les bienfaits du progrès technique rebondit. Le livre présente une communauté scientifique à la croisée des chemins, attirée par les promesses du progrès mais effrayée par les monstres qu’elle a elle-même engendré. Aride pour le public néophyte la lecture du premier tome laissera parfois le lecteur perplexe face aux théories scientifiques développées par les principaux protagonistes. Une fois percé le mystère de théories et technologies futuristes, le lecteur pourra se plonger avec avidité dans une nouvelle guerre des mondes, un sujet maintes fois abordé par la science-fiction mais cette fois envisagé sous le prisme d’une civilisation pluri millénaire, qui a toujours eu une façon bien à elle de débouter les envahisseurs ou de les accueillir. Le mérite du roman réside également dans sa manière de sublimer deux périodes confuses de l’histoire de Chine : la période des royaumes combattants et de la révolution culturelle. Comment la violence et le chaos peuvent-ils faire jaillir un bouillonnement scientifique à la fois porteur de progrès et de désastre ?

AudeCarpentier
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le 13 janv. 2017

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