Liu Cixin m'a été imposé, d'abord proposé, mais vite digéré. Ce fut autant mon choix que celui de millions d'être humains.
Edgar Ke et Ye Wenjie ont décidé sans concerter l'autre de ce qui allait se passer, en l'occurence un chamboulement drastique et impossible à effacer. Pour moi comme pour beaucoup, dans les deux cas, il s'agit d'un message. Un message significatif et inneffaçable. Dans les deux cas, Edgar et Wenjie ont pensé en bien, pour se libérer d'un poids et dans un objectif de partage, dans l'idée que le futur à partir de l'envoi de ce message ne pouvait pas être pire que le passé déjà devenu présent. Un message indélébile, composé de simples mots. Un message qui suffit à tout changer. Car après avoir ouvert Whatsapp, j'ai tourné la première page.
Le Problème à trois corps fut une expérience intense et à la durée de digestion inversement proportionnelle à ce qui nous sépare du vivant non terrestre. Dix jours de lecture dans un silence proche du vide cosmique. Une lecture complexe et riche dans ce qu'elle propose au lecteur sans jamais trop en faire mais en vulgarisant suffisamment le monde de la science afin de laisser la poésie et la compréhension du lecteur à hauteur d'un récit avant tout captivant. Car qui n'a jamais rêvé qu'il puisse exister une intelligence extraterrestre ? Ce n'est pas un roman qui traite du bien ou du mal, mais de la curiosité de l'homme face à l'univers dans lequel son monde semble si seul. Pourquoi ne nous satisfaisons-nous pas de la Terre ? N'est-elle pas suffisamment grande pour que nous nous y épanouissions ?
C'est aussi ce que traite admirablement Liu Cixin dans le premier roman d'une trilogie qu'il me reste à déguster : l'humanité. Et plus précisémment, notre foi en elle. Car au-delà de penser à la guerre que pourrait engendrer la rencontre entre deux mondes, le questionnement de l'auteur cherche ici, avant toute chose, à nous poser la question la plus importante : L'humain est-il vraiment la race supérieure sur terre, et dans cet univers ?
Le Problème à trois corps invite au voyage, spirituel pour le lecteur et pour l'homme auquel il s'identifie dans le récit, interstellaire pour la civilisation Trisolarienne à laquelle peu d'hommes s'identifient, mais surtout, à laquelle une poignée d'entre eux s'assujetissent aveuglément, dans l'espoir d'un monde meilleur où seuls leurs lointains descendants seront les garants de leur geste aussi jouissif qu'impardonnable.
PAC