Qu'on soit clair: je note cet essai 1/10 en raison de sa malhonnêteté, c'est-à-dire une impression que je ressens. J'ai trouvé quelques morceaux de texte intéressants (pas des masses non plus) qui auraient pu gonfler la note à 3 ou 4 mais sa conclusion est vraiment de mauvaise foi donc c'est un peu une note à chaud que je livre.
Et si j'intitule cette critique "problématique", c'est pas pour le regard politique d'Iris Brey. Ce livre est problématique car il manque justement de problématique. C'est étonnant d'ailleurs, vu qu'elle est universitaire et même doctorante il me semble.
Pour rentrer dans le vif du sujet, Brey étudie le female gaze et le male gaze, un concept américain apparu en 1975 aux US et manquant cruellement de littérature sur la question en France. Cinématographiquement, le sujet est légitime, intéressant. J'en veux surtout à l'argumentation de l'autrice qui me semble très problématique: définition des termes au bout de 40 ou 50 pages de mémoire, absence d'explication des problématiques, enjeux et perspectives d'évolution... Bref, tout ce que je pensais trouver dans un essai produit par une universitaire. J'entends par là que je ne me suis pas du tout investi dans la compréhension de ce que voulait dire Iris Brey parce qu'elle manque d'explication et d'argumentation: pourquoi le male gaze est problématique? chez Kechiche encore plus? On pourrait y voir un léger règlement de compte... et donc pas un essai sérieux...
Et je parle de Kechiche mais je pourrai aussi parler de Wonder Woman par exemple. Dans cet essai, il y a une fâcheuse tendance à montrer que quelque chose est bien simplement en détaillant plus que ce qui n'est pas bien. On dirait que la quantité de description justifie un propos alors que ça ne s'apparente qu'à du vent selon moi. J'aurais aimé qu'elle développe ce qui est problématique pour justement mieux cerner les notions qu'elle utilise.
Par exemple Wonder Woman apparaît comme un bon film recourant au female gaze car l'actrice est un sujet mouvant avant d'être un corps vu, à travers la scène de présentation du costume par exemple, parce que le plan s'intéresse aux accessoires et pas au corps en ne recourant pas à un travelling vertical. Certes. Mais à aucun moment il est dit que ce procédé peut-être fait pour mettre en avant des accessoires dont on nous a parlé pendant une heure? On dirait que les films vont dans son sens dès que cela l'arrange.
Bref, je trouve le livre très incohérent et pas assez problématisé, sans réel enjeux et perspectives d'avenir. Elle jette le male gaze à la poubelle selon moi sans expliquer pourquoi, ni dire si le male gaze peut être justifié ou intéressant à un moment. C'est vraiment dommage, parce que j'avais envie de croire à cette conception nouvelle du cinéma. Mais le livre sert très mal le propos.
Surtout quand elle parle des Cahiers du cinéma en conclusion, comme si on n'avait pas le droit de critiquer le travail de femmes! Elle cite trois exemples et parle après de Chantal Akerman (qui est adorée aux Cahiers, mais ça il ne faut pas le dire, ça contredit ce qu'elle vient d'écrire....) pour aller dans le sens de son propos.
Si j'ai du courage, je lirai peut-être de la littérature sur le sujet grâce à la bibliographie intéressante, des livres écrits par des personnages médiatiques moins problématiques peut-être? Parce que faire le tour des plateaux et ensuite critiquer tous ceux qui ne sont pas d'accords sur quelques mots sans attaquer le fond de leur pensée, c'est ce qui est vraiment problématique.