Le Trésorier-payeur est un haut fonctionnaire du ministère des Finances, qui dirige les services du Trésor public dans un département. Le titre du dernier roman de Yannick Haenel, est donc un faux-semblant, le désir de l’écrivain de « surclasser » son personnage, afin d’en renforcer la substance romanesque. Un « making off » d’une belle écriture poétique et fort en symboles introduit le roman qui ensuite se partage entre l’analyse critique du système capitaliste, et le vécu d’un hédonisme débridé, qui donne la part belle et de façon gourmande au désir et à l’amour physique. Un roman de l’entre-deux, à la fois pétri de vocable religieux, de philosophie, et d’économie pour mieux décrire l’aberration capitaliste et de saillies érotiques comme des sas de décompression. Cette biographie s’enlise à terme sur les années obscures du personnage, sa recherche d’un absolu (qui ne semble pas clair même à l’auteur), ses états de grande solitude, d’introspection, de dépression. Cette vie, pourtant emplie de passages solaires, et malgré le style toujours plaisant de l’auteur, finit par laisser un sentiment de redondance et, curieusement, à la fois, l’inachèvement de quelque chose.