Je crois que le titre est assez explicite. Ce bouquin, divisé en trois "romans" très courts est une putain de tuerie. Si je mets "romans" entre guillemets, c'est parce qu'ils ont tous les trois la longueur de grosses nouvelles, mais qu'ils sont tous trois de tels condensés de profondeurs que ça m'écorcherait la bouche de les appeler "nouvelles". Jim Harrisson, que j'ai découvert avec ce bouquin, fait partie de ces auteurs rares, comme Justine Niogret que je vous encourage nettement par exemple, qui en disent énormément en peu de mots, de pages... On se retrouve avec des histoires de 80 pages (à peu près) dont la profondeur intérieure est dix fois celle de la quasi totalité des bouquins de 800-1000 pages que j'ai pu lire jusqu'à présent.
Le style de l'auteur sonne sincère, et un peu pragmatique aussi, tout en restant très très agréable à la narration. On y ressent du plus profond une histoire de vengeance qui va au delà, touchant, brisant même, chacun de ses personnages pour les mettre sur un même pied d'égalité, avec injustice sur injustice. Et puis on passe à l'Histoire de Nordstrom, " l'homme qui oublia son nom", un type qui passé la quarantaine se sent écoeuré par la vie qu'il a mené en désaccord avec lui-même, et qui décide de s'écouter, ce qui l'amène sur le droit chemin du développement personnel, bien que le terme ne soit jamais employé. Peut-être celle des trois qui m'a le plus touché, avec son personnage d'une profonde extrêmement rare dans la littérature, d'une crédibilité déconcertante de détails. Et enfin, celle qui a donné son nom au recueil, l'Histoire d'une famille américaine au début de la première guerre mondiale, à laquelle les trois fils participeront, Alfred, Samuel et surtout Tristan. Je mets l'accent sur ce dernier car pour moi c'est autour de lui que tout tourne. Mais dévoiler un détail de plus relèverait du spoiler impardonnable. Courrez chez vos libraires sans plus attendre, et pour ceux qui ne m'écouteraient pas, vous ne savez pas ce que vous ratez...