Il a deux choses à savoir sur moi.
La première, c'est que dans la vie, j'ai une tendance naturelle à la psychorigidité. Ce qui fait que, lorsque je commence un livre, je le termine. Par égard à l'auteur, par espoir que même si je n'aime pas la fin de l'œuvre me fasse surprise, ou par simple esprit de complétude.
La deuxième, c'est que j'aime profondément Giono : sa capacité à matérialiser la nature comme personne, à lui donner profondeur et consistance ; son authenticité rustique ; et sa véracité anthropologique, pourrions-nous dire. C'est une sorte de témoin franc et bavard de ce que fut la France, la nature et le monde. Et, Dieu que j'aime ça.
Malgré cela, je n'ai jamais pu finir Les âmes fortes. Pour être même tout à fait honnête, je n'ai pas vraiment compris le projet de cet ouvrage.
Certes, il s'agit de petites mamies discutant pendant le temps passé à une veillée funèbre, mais... Et quoi ?
On le sait et je l'ai dit : Giono conte la nature, la décrit, la porte jusqu'à son lecteur et la vénère. Mais il l'avait toujours fait en suivant une histoire, en donnant un support, même le plus infime comme dans Regain. Mais là ?
Les histoires sans lien et sans grand intérêt s'accumulent, aucune ne se termine, aucune n'apporte véritablement quelque chose... On a l'impression de lire plusieurs nouvelles plus ou moins longues les unes à la suite des autres. Et c'est long, c'est ennuyeux. Et on a l'impression d'être à la veillée et de ne connaître aucun des personnages dont il est question dans ces récits.
A chaque page tournée, je regardais combien il m'en restait à lire, jusqu'à abandonner tout bonnement.
Je ne peux déconseiller ce livre. Je ne l'ai certainement pas compris et je n'aurai jamais l'audace de penser comprendre quelque chose en littérature que Giono n'aurait lui-même pas compris. Alors n'hésitez pas à me corriger.