Peut-on bien écrire avec des bons sentiments ? Peut-être. Sûrement, à relire Vercors. Dans Le Silence de la mer, l’écrivain résistant livrait, sous l‘Occupation, un roman patriotique avec pour héros est un surprenant officier allemand francophile.
Les Animaux dénaturés content la découverte du mythique chainon manquant entre l’homme et le singe. Déchainant les passions, les tropis sont confrontés à la convoitise d’industriels avides de main d’œuvre domesticable. Comment les protéger ? Sont-ils hommes ou animaux ? Scientifiques, philosophes et théologiens se déchirent. Les débats buttent sur la question existentielle, rarement traitée : qu’est-ce qui fait (vraiment) la spécificité de l’espèce humaine ? Est-ce la culture, le langage, les perversions ou l’ouverture sur le monde ?
Situant son histoire à Londres, Vercors montre une belle connaissance du pragmatique système juridique britannique. L’humanisme viendra-t-il à bout de l’avarice ?
Si les arguments sur la hiérarchisation des races ne sont plus acceptables, les débats dont conduits avec élégance et une belle économie de moyens. La résolution est brillante et le lecteur enfin rassuré.