Là où il y a de l'hygiène, il n'y a pas de plaisir.
Ce qui frappe le plus dans les formidables aventures de Huckleberry et de Jim, son nègre évadé, sur un radeau du Mississippi, c'est l'apologie qui est faite du mensonge et de la vie sauvage. Fuyant ces bonnes âmes cherchant à le nettoyer et à le "civiliser", Huck choisit le salut dans la fuite. Chemin faisant, il rencontrera une paire d'escrocs incroyable qui sont sans doutes avec tom Sawyer les pires menteurs que l'espèce humaine a pu un jour engendrer.
Que ce magnifique roman, sans qui la littérature américaine serait bien pauvre et à qui Caldwell doit tout, Hemingway et Faulkner beaucoup et tous les autres au moins quelque chose, continue à être autant apprécié, soit entré dans la culture populaire à l'état de mythe, et qu'en même temps les Etats-Unis ne cessent de s'engluer dans leur deux pires défauts : l'hygiénisme forcené et l'idolâtrie maladive de la vérité reste pour moi un mystère sans fin.