De tous les romans de Jules Vernes que j'ai lu, celui-ci tiens une place à part. D'abord, pas de héros surmontant toutes sortes de difficultés ni de voyages spectaculaires. Ensuite et surtout, c'est selon moi l'œuvre la plus prémonitoire de l'auteur.
Il faut savoir que les deux héritiers de la Begum se sont partagés le magot, et, chacun de leur côté, ont bâti une ville correspondant à leurs aspirations. L'allemand a bâti Stahlstadt — la Cité de l'Acier, une ville usine dédiée à la sidérurgie, pendant que le français a édifié France - Ville, dont l'objectif est le bonheur et la santé de ses habitants. Le maître de Stahlstadt a un plan secret, annihiler France - Ville à l'aide d'un super canon construit dans ses usines.
- On y voit le productivisme allemand et la croyance, à l'époque j'entends, de la supériorité de cette race sur les autres.
- Stahlstadt est dirigée d'une main de fer (c'est le cas de le dire) par son bâtisseur. Pas de démocratie. Une prescience de que sera la politique sous le règne d'Adolf Hitler.
- France - Ville est construite dans un espace privilégié, entouré de montagnes et de rivières.
- L'architecture de la ville répond à des normes très précises, par exemple, les constructions ne doivent pas excéder deux étages pour ménager la vision des hommes, mais libre choix est laissé aux architectes pour bâtir des maisons de toutes formes, cela afin d'éviter une uniformité ennuyeuse. Figurez-vous même que le matériau utilisé pour la construction est de la brique creuse qui procure isolation thermique et phonique !
- Les principes d'hygiène sont très stricts : exit ainsi les tapis, considérés à raison comme des nids à microbes.
Finalement, pour clore sur l'imagination fertile (mais nourrie de connaissances scientifiques) de Jules Vernes, apprenez que l'obus tiré par le super canon et destiné à anéantir France - Ville est envoyé si puissamment qu'il devient le premier satellite artificiel de la planète Terre.