Déjà, je ne regrette pas de l'avoir lu.
Quoi qu'on puisse penser de François Hollande, le regard d'un ancien Président de la République sur les grandes questions qui agitent la France et le monde n'est pas dénué d'intérêt.
Ainsi, dans la première partie, sans doute la plus laborieuse et la moins accrocheuse, le lecteur est confronté à la tâche d'un chef d'état "au quotidien", et cet éclairage reste enrichissant.
Plus loin dans le livre, Hollande aborde les questions de vie privée, de politique politicienne et de stratégie personnelle, des chapitres qui se lisent très facilement.
Ainsi, l'ancien Premier secrétaire du PS développe sa version de la relation Hollande-Macron tout au long de son quinquennat, qui aboutira à la candidature victorieuse du jeune ex-conseiller, au grand dam du Président sortant, qui le vivra comme une trahison.
Hollande a alors tendance à prendre les gens pour des imbéciles, lorsqu'il prétend notamment avoir pêché par candeur, ne se préoccupant pas des arrière-pensées des uns et des autres - alors que tout le bouquin prouve le contraire.
Un exemple qui illustre la grande faiblesse du livre : Hollande affecte de tirer les leçons du pouvoir, alors que son objectif principal reste de défendre son propre bilan.
Si l'ancien Président regrette bien quelques décisions (du bout des lèvres) et fait amende honorable en quelque occasion (la déchéance de nationalité, le 49-3...), il s'efforce surtout de justifier ses choix, y compris les plus critiqués, de l'affaire Leonarda à la Loi travail, en passant par le soutien trop longtemps affiché à Jérôme Cahuzac, et le livre d'entretiens accordés aux journalistes Fabrice Davet et Gérard Lhomme.
Si "Les leçons du pouvoir" fut un gros succès de librairie, les commentateurs politiques n'ont cessé de gloser sur l'autosatisfaction manifestée par l'ancien Président. La posture de François Hollande apparaît il est vrai en décalage avec le rejet massif dont il est victime de la part des Français, mais on peut comprendre sa volonté de défendre son bilan (et promouvoir la social-démocratie), n'ayant pas pu le faire de manière "naturelle" lors de la campagne présidentielle de 2017.