Le mal est partout dans Les loups à leur porte. Et ses personnages des psychopathes effrayants. Enfin, la plupart, car lorsqu'ils ne sont pas bourreaux, ils ne peuvent être que victimes. Pas de demi-mesure dans ce premier roman de Jérémy Fel qui laisse rarement la tension retomber. A son actif : une mise en scène impressionnante des situations et une atmosphère poisseuse qui s'installe en quelques lignes au début de chacun des chapitres qui peuvent fonctionner indépendamment. Mais Jérémy Fel a construit son roman de façon à ce que les différentes histoires s'imbriquent peu ou prou les unes dans les autres. A condition de suivre, évidemment, ce qui s'avère parfois complexe et fort alambiqué. Ma foi, il n'y aurait rien à redire si la virtuosité scénaristique ne finissait pas, par son systématisme pervers, à agacer quelque peu. D'autant que le style est loin d'être à la hauteur de ses ambitions narratives s'avérant par moment d'une extrême platitude. Et puis Fel abuse de vieilles ficelles de façon répétitive comme celle de décrire des scènes fantastiques qui ne sont au bout du compte que des rêves. Bon. A traquer le démon qui sommeille en chacun de ces personnages, l'auteur perd en subtilité ce qu'il gagne en efficacité. Admettons le volontiers, malgré tous les reproches que l'on est tenté de lui faire, Les loups à leur porte est un livre dont on se déprend difficilement. Le terminer est un vrai soulagement pour passer, par exemple, à un roman qui nous redonnera (un peu) foi en la nature humaine.