Les robots veillent sur l'humanité!
Avec les Robots et l'Empire, Asimov clôt son cycle des Robots, tout en lançant celui de l'Empire et en le reliant à celui de Fondation - bien mieux qu'il ne l'a été dans Terre et Fondation.
Est-ce qu'Asimov avait ainsi prévu de tout relier dès le départ de son cycle? Sans doute que non. Mais est-ce à dire qu'il ne l'aurait fait que sous la pression de ses lecteur et de son éditeur? Je crois le bougre beaucoup trop malin ou opiniâtre pour se laisser convaincre par ce genre d'arguments.
Autant on pouvait en douter en lisant Terre et Fondation, qui reste pour moi le livre le plus faible du cycle (en tout cas sur la forme), autant Asimov parvient dans Robots et Empire à justifier de façon logique et précise l'enchaînement entre les robots et la Fondation, c'est-à-dire entre les lois de la robotique et la psychohistoire.
L'intrigue elle-même reste relativement discrète. On retrouve une dernière fois les personnages du cycle des Robots, Gladia, R. Giskard et R. Daneel. Et aussi Elijah Bailey. Même si ce dernier roman se déroule plusieurs décennies après sa mort, le personnage reste omniprésent, tant par les flashbacks, le personnage de son descendant, les souvenirs de Gladia et des robots, et plus généralement par l'influence de sa pensée, ou plutôt de son mode de pensée.
Le dénouement ne révèle pas non plus de très grande surprise pour qui a lu Fondation, spécialement ses deux derniers tomes et le prélude.
Mais le sel de l'ouvrage, comme de tous les autres écrits d'Asimov, ne réside pas tant dans l'intrigue de base que dans la manière dont elle s'expose et s'épaissit. Asimov est un scientifique. Point de grandes scènes d'action chez lui, mais plutôt des dialogues logiques, des arguments échangés entre personnages alliés ou antagonistes, de jeux d'analyse perpétuels. Il en résulte pour le lecteur un certain sentiment de jubilation à suivre ainsi le cours des réflexions des personnages.
Avec toujours en toile de fond cette éternelle question qui agite la science-fiction: où va l'humanité? Ce sont paradoxalement les robots - des êtres non-humains (en tout cas au sens biologique) mais dont le but existentiel est de servir les humains - qui sauront le mieux répondre à cette question. Bien plus que les humains eux-même, engoncés dans des préjugés stériles et dans des querelles nationalistes qui pourraient bien les détruire.
Une fois de plus, c'est le caractère profondément humaniste d'Asimov qui transparaît dans ses œuvres. À l'heure où la dystopie et la dénonciation de tous les traits pervers de nos sociétés est devenu un passage quasiment obligé dans la SF, Asimov réussit à toujours maintenir ce climat optimiste, cette foi inébranlable en l'Homme, malgré toutes ses faiblesses et toutes ses failles.
Peut-être est-ce pour ça que les ouvrages du bon Docteur a le don de toujours me mettre de bonne humeur.