Alice et Cécile sont amies depuis l'enfance. Issues de famille complètements différentes, elles sont profondément liées. Elles partagent leurs rêves, les amours et leurs projets d'avenir. Elles lisent et partagent les mêmes passions pour les poètes. Mais l’âge adulte créé un éloignement, des incompréhensions. Alors que rien ne semblait vouloir les séparer, on les retrouve en froid trente ans plus tard. Alice revient sur cette amitié devenue toxique et cherche à la comprendre. Plongée dans un profond coma, Cécile lui envoie des lettres imaginaires.
C'est donc un roman à deux voix qui nous décrivent cette amitié si intense. Il s’opère des va-et-vient dans le temps, on suit le fil des pensées des narratrices. Elles reviennent sur les differents moments de leur histoire, comme en écho, et sans jamais se parler. Le lecteur est le confident de leurs blessures et le témoin du vide laissé par la fin de leur amitié.
C'est un lien sincère et jamais malsain qui les unis. Les deux filles s'aident, se soutiennent sans aucune arrière pensée. Mais leurs liens sont trop forts, leurs passions trop similaires et le malaise et les secrets s'installent. On comprend au fil des indices qu'elles nous donnent les raisons de leur rupture. On perçoit aussi les ravages qu'une rupture amicale peut faire. Au fil des souvenirs, les émotions renaissent et étreignent les deux femmes. Si l'issue de leur rapport semble inéluctable, elles comprennent que cette amitié les a construites.
C'est un très court roman mais d'une intensité folle. J'ai rarement lu un livre traitant de ce thème avec autant de justesse. Les dernières pages sont bouleversantes. Ce roman me confirme que Kéthévane Davrychewy est une auteur au travail extrêmement sensible et passionnant. Il y a fort à parier que d'autres de ses livres rejoindront bientôt ma bibliothèque.