Il y a quelque chose de terriblement cruel dans cette pièce de théâtre qui fait philosopher à tour de bras des personnages empêtrés dans leur propre inaction et agités par de fertiles idées : les sujets qu'ils développent lors de leurs discussions impromptues sont immédiatement étouffés, soit par l'ankylose contagieuse qui atteint ces êtres de fiction un à un, soit par l'amère réalité du monde contemporain — c'est qu'Olga, Irina, Macha et leurs compagnons de thé se projettent dans un futur lointain, déjà un peu le nôtre, sans toutefois être capables d'agir pour leur lendemain. Alors le temps passe, d'ellipses en ellipses, et la torpeur prend de l'ampleur, fatigue les esprits, multiplie les conflits. Puis vient l'espoir, aussitôt anéanti par cette méchante quatrième de couverture qui dit la fin avant même de dire le début. Plus épouvantable encore, c'est le plaisir que le lecteur prend en découvrant tel malheur.