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Le portrait d'une vie à l'épreuve des désillusions, sublimé par la langue de Flaubert

L'histoire est connue de tous. Emma Bovary pourra vous paraître niaise et idéaliste, son mariage passablement ennuyeux, son mari Charles pathétique et la vie de province en Normandie terriblement fade et rustre. Et pourtant, quel bijou de psychologie humaine ! Flaubert est un orfèvre du mot et Mme Bovary son joyau ! Ci-dessous, deux de mes passages favoris :



Quand au reste du monde, il était perdu, sans place précise, et comme n'existant pas. Plus les choses étaient voisines, plus sa pensée s'en détournait. Tout ce qui l'entourait immédiatement, campagne ennuyeuse, petits bourgeois imbéciles, médiocrité de l'existence, lui semblait une exception dans le monde, un hasard particulier où elle se trouvait prise, tandis qu'au delà s'étendait à perte de vue l'immense pays des félicités et des passions. Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du coeur, l'élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment. Ne fallait-il pas à l'amour, comme aux plantes indiennes, des terrains préparés, une température particulière ? Les soupirs au claire de lune, les longues étreintes, les larmes qui coulent sur les mains qu'on abandonne, toutes les fièvres de la chair et les langueurs de la tendresse ne se séparaient donc pas du balcon des grands châteaux qui sont plein de loisirs, d'un boudoir à stores de soie avec un tapis bien épais, des jardinières bien remplies, un lit monté sur une estrade, ni du scintillement des pierres précieuses et des aiguillettes de la livrée."
(p. 130 - ed. classiques, livres de Poche)



(p.132)



Elle ajoutait quelque chose au plaisir des sens et à la douceur de son foyer. C'était comme une poussière d'or qui sablait tout du long le petit sentier de sa vie.


LB83
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le 1 juin 2021

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Laetitia B.

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