En parcourant diverses critiques de l'oeuvre maîtresse de Flaubert, je m'amusais de constater que, si beaucoup s'accordait à y voir un chef d'oeuvre (parfois à la deuxième ou troisième lecture), aucune ne l'interprétait de la même manière. Les conclusions tirées par les lecteurs divergent et se retrouvent parfois diamétralement opposées.
N'est-ce pas la preuve ultime, s'il en fallait une, de la subtilité et du génie de l'auteur? Comment s'ennuyer à la lecture d'un roman qui, plus de 150 ans après sa première parution, trouve de si différentes résonances chez chacun d'entre nous? Comment ne pas se délecter de cette ironie qui n'épargne personne, à tel point que l'on ne sait plus très bien de qui l'on se moque? Qui ne s'est pas reconnu, parfois, en Emma alors même qu'il la trouvait ridicule?
Flaubert, dans la recherche de l'impersonnalité qui lui était si chère, réussit à mettre la balle dans notre camp en évitant tous les écueils moralisateurs. Son roman interroge de la plus belle des manières, dans un style riche et travaillé, c'est à ça que l'on reconnait les oeuvres d'art.