Elle nous rapporte que Simone Weil l'avait prise pour une "bourgeoise spiritualiste"...
C'est à mon sens ce qu'elle a été dans ces années de construction de sa pensée à la lecture de ses mémoires.
Certains passages relèvent du roman de gare à l'eau de rose. La (fausse?) simplicité du style sauve heureusement l'essentiel de ce roman autobiographique.
Elle ne voit en Garric et ses Equipes Sociales au mieux un moyen efficace pour se soustraire à la surveillance de sa mère, au pire une mystification.
Ses torpeurs amoureuses avec Jacques Laiguillon sont navrantes, tout comme le sont les réflexions et comportements de ses amis masculins sur et avec les femmes.
J'aurai aimé sentir un peu d'ironie sur elle-même et sa caste, mais non, elle est trop imbibée de cette éducation catholique ravageuse pour y parvenir.
Elle se sent supérieure, sans meme s en rendre compte, coincée entre l'arrogance subtile des jardins du Luxembourg et du boulevard Saint Germain. L'étroitesse géographique et sociologique de ses 20 ans est affligeante.
L'esprit de révolte" de ses amis se résume à aller boire un verre aux "2 magots" pour emmerder ceux du "café de Flore", avec pour seule arme "l'inquiétude feinte" dans le simple but d'être "à la mode".
Ses mémoires n'ont aucun intérêt, sinon nous faire comprendre à quel point ce mortifère étau éducatif (nationalisme(s), mysoginie, hypocrisie, patriarcat, « virilisme »...) nous aura menés tout droit à la première guerre mondiale, puis par ricochet à la deuxième.
Certes, ces carcans d'avant-guerre auront très certainement permis l'éclosion de grands intellectuels comme Claudel, Gide ou Valery... Ainsi que de grands courants artistiques avant-gardistes, qu'elle n'évoque par ailleurs qu'en quelques mots dans ce livre de près de 500 pages (une fête à Montparnasse composée de "vagues peintres et artistes"). Peut-être parce que ces "courants" n'auront germé que dans la tête que quelques étrangers "crève-la-faim" comme Picasso, Apollinaire ou Manray (...)
Je ne suis pas sur d'entamer la suite tellement j'ai été déçu.
Ca m'aura tout de même donner l'envie de relire le Grand Meaulnes... Déja ça de gagné.