Metro 2033, de Dmitry Glukhovsky, est un livre d'anticipation post-apo sorti en 2005 qui raconte comment les hommes tentent de survivre à l’hiver nucléaire dans les profondeurs du métro moscovite. C’est devenu un bouquin culte grace notamment à des adaptations en jeux vidéo à succès (le bouquin s’y prête parfaitement). Pourtant, dans l’ensemble, je m’attendais à quelque chose de mieux. Que ce soit au niveau de l’écriture, des personnages ou de l’histoire, j’ai trouvé le livre franchement inégal.
L’écriture possède quelques morceaux de bravoure mais est dans l’ensemble assez banale, parfois même médiocre. Après, avec les bouquins traduits, il faut se méfier. Mais que voulez-vous, je ne parle pas le russe...
Un des gros points faibles du livre est son personnage principal, Artyom, qui n’est pas franchement intéressant. Sa personnalité est celle, très passe-partout, du « bon gars ». Seul l’épilogue offre une perspective plus intéressante, mais c’est bien tard. Pour ce qui est des personnages secondaires, certains sont très réussis —Khan, Hunter, le hiérophante…— d’autres franchement moins —Danila ou Jenya entre autres—.
Le récit se compose de deux parties : le voyage jusqu'à Polis, puis la recherche d’une solution au problème des Noirs. La première partie est très mécanique dans son déroulement. Artyom rencontre un compagnon de voyage pour l’accompagner jusqu'à une station aux moeurs étranges, mais en cours de route un événement inattendu les sépare. Et rebelote. Au bout d’un moment, c’est un peu répétitif et la ficelle est grossière.
Je trouve la seconde moitié du livre nettement plus passionnante. À vrai dire, mon seul reproche est qu’on nous vend les Noirs comme la plus grosse menace à peser sur le métro quand en réalité il n'en s’agit que d’une parmi d’autres, ce qui est d’ailleurs avoué à un moment. On ne ressent pas franchement sa dangerosité, ou son imminence (aussi parce qu’Artyom crapahute à l’autre bout du métro).
Après avoir donc taillé un costard au bouquin, il est temps d’aborder le positif, loin d’être négligeable, qui pour moi se résume à un mot : l’univers. C’est franchement le seul moteur qui m’a fait avancer dans la lecture, en particulier dans la première partie, mais parbleu, il est puissant.
Le concept de base est simple mais encore fallait-il y penser. Surtout, la collection de micro-sociétés présentée est absolument fascinante et très crédible. Leurs légendes urbaines donnent des frissons. Et pour couronner le tout, la surface est un lieu exotique, dangereux, mystique et magnétique. Découvrir l’univers de Metro 2033 est un plaisir.
Un élément en particulier que je trouve très réussi est le mélange entre fantastique et anticipation post-apo. Surtout que la plupart du temps, on n’est jamais sûr si les événements les plus bizarres ont une explication rationnelle ou non. De ce point de vue, c’est très bien dosé.
Finalement, le seul reproche que j’aurais à faire à cet univers est qu’il ne s’est passé que vingt ans depuis la guerre nucléaire. Pourtant, le récit semble pensé pour une durée plus longue. Par exemple, seuls les vieux semblent encore nostalgiques de l’extérieur. La biodiversité y est également extrêmement développée et abondante, on parle de plusieurs milliers de Noirs, une nouvelle sous-espèce humaine. Ou encore, les nouveaux nés du metros sont albinos. J’ai l’impression que c’est juste une contrainte pour donner à Artyom un lien avec l’extérieur.
J’aime bien également le message cynique du livre : la nature humaine ne change pas, y compris pour ce qu’elle comporte de détestable. Même face à la fin du monde. Nous sommes condamnés à répéter nos erreurs.
À l’inverse, les Noirs ont évolué de ce point de vue. Mais même s’ils sont une nouvelle branche de l’humanité, on ne peut pas affirmer qu’ils en fassent encore partie. C’est justement ça, le drame.
Bref, Metro 2033 m’aura à la fois envouté et déçu. Il vaut quand même le détour pour son univers unique. Même si je ne vais pas me ruer dessus, je pense lire la suite un de ces quatre.