Artyom dans le métro, mais plus tard
Dmitry Glukhovsky (oui c'est chaud à prononcer, mais faut vous y faire, parce que le nom des stations de métro n'est pas traduit dans le roman) a beau être un jeune journaliste qui parle 6 langues, il se pose également comme un auteur bien dans son temps, et se trouve farci de talent.
En effet, il a d'abord publié son livre gratuitement sur son blog, modifiant au gré des commentaires la destinée de son héros. Et puis il l'a fait publier, en vrai.
Metro 2033 est un roman d'anticipation, de science fiction, qui n'est pourtant pas sans rappeler les petits romans initiatiques comme L'attrape Coeur de Salinger.
Artyom est un jeune adulte vivant tout au nord du circuit métropolitain. La dernière station tout en haut, par laquelle les Noirs, des êtres vivants ressemblant étrangement à des hommes (mais qui n'en sont pas) débarquent et tentent d'envahir les stations. Hunter confie une mission à Artyom que celui-ci, sentant quelque chose d'important se jouer, s'empresse d'accepter.
Il va alors parcourir les différentes stations du métro de ce monde dévasté quelques décennies plus tôt par une troisième guerre mondiale fatale à l'humanité.
Les survivants se terrent sous terre et ont tenté de reconstituer les communautés au sein desquelles ils évoluaient avant.
L'occasion pour Glukhovsky, à travers cette initiation vers l'âge adulte, les questionnements naïfs sur le sens de la vie, la religion, le racisme, de procéder à une analyse radioscopique du monde, de ses errements, de ses peurs et de ses espoirs perdus, par sa faute.
Tout au long du périple, Artyom conduit le lecteur au gré d'une langue qui supporte toujours très bien la traduction en français, alors même que le rythme s'égare à plusieurs reprises.
Le héros grandit en même temps qu'il gagne puis perd ses compagnons de (in)fortune, et que le retour à la maison se fait de plus en plus difficile.
Metro 2033 anticipe les erreurs et les échecs de l'homme, et se poste en observateur invisible de l'amoncellement de ceux-ci, jusqu'à un point de non retour qui ne semble même pas pouvoir cesser l'aveuglement.
Le livre raconte une histoire, un monde, des peuples, des communautés, sur un rythme relativement lent et long, mais qui sait rester plaisant, en forgeant un monde mythologique mystique et mystérieux passionnant et envoutant.