« Sweet Home Alabama »... S'il y a bien un État des États-Unis que je rêve d'explorer, c'est l'Alabama, dans tout son conservatisme et son climat subtropical, deux caractéristiques restituées avec justesse dans ce roman-ci. Si la réputation de l'ouvrage (il arrive « en seconde position, juste après la Bible » dans les « livres qui ont changé la vie de leurs lecteurs », selon une enquête réalisée sur les Américains), si cette réputation incite à la lecture, il me semble cependant que de telles louanges sont exagérées.
Évidemment, les grands thèmes de la ségrégation raciale et de l'hypocrisie communautaire abordés ici au travers des yeux d'une enfant rebelle (en ce qu'elle préfère jouer et s'habiller comme un garçon plutôt que prendre le thé en robe) convoquent souvenirs, sentiments et opinions du lecteur avec succès ; mais l'ensemble n'a rien de transcendant.
J'ai grandement apprécié la première partie, notamment le déploiement du mystère Arthur « Boo » Radley grâce aux croyances et jeux enfantins de Scout (la narratrice) et de son frère Jem, souvent accompagnés de leur ami Dill (quel enfant n'a jamais inventé de pareilles histoires et transformé un voisin, une connaissance, un inconnu en terrifiant monstre ?). La deuxième partie, plus axée sur ce qui a certainement marqué le lectorat, c'est-à-dire le procès d'un Noir accusé d'avoir violé une Blanche, soulève de légitimes et éminentes questions, sans pour autant négliger l'humour et la naïveté d'une fillette de huit ou neuf ans. C'est un bon roman d'apprentissage, ça ne fait aucun doute, mais ce n'est pas le chef-d'œuvre qu'on m'avait ardemment vendu.