Orhan Pamuk est donc un Nobel.
Quelque part, ça peut se comprendre. Il a un style qui lui est propre. La narration est bien posée, le huis clos est prenant, les contradictions interne du peuple turc sont bien rendues. Bref sur le plan technique, c'est une réussite.
Là où Neige pèche, c'est par ses personnages. En résumé, ils sont à la fois détestables et oubliables. Ka, ce personnage égocentrique veule, lâche et méprisable, n'attire pas la sympathie du lecteur. Ka, en bon poète raté, est venu à Kars dans l'objectif de charro une ancienne amie, pour, au final, trouver un amour pur et désintéressé, le tout en trois jours. Mais bien sur.
Lazuli, censé être l'inverse de Ka, un homme d'action, mais intelligent une entité charismatique et séduisant, fascinant les hommes et les femmes se trouvant sur son passage, là où Ka est un intellectuel tern. Si Pamuk le décrit comme attirant physiquement, il n'a pas cette prose sensuelle strictement Mishimesque qui parvient à rendre compte en quelque lignes du charme vénéneux des belles personnes. Si la confrontation idéologique entre Ka et Lazuli aurait pu être intéressante, elle tourne court; Lazuli n'a rien d'autre à proposer à Ka qu'une infantile détestation de l'occident; il aurait pu lui en mettre tellement plus dans la gueule pourtant. Ses discours, sensés faire trembler les convictions sont d'une médiocrité abyssale.
Quand à Ipek et sa sœur, elles tiennent plus d'adolescentes n'ayant qu'une vague idée de ce qu'elles font que de femmes dans la trentaine. On est, encore une fois, loin de l’École de la Chair ou du Banquet, pour citer des romans ayant une description fidèle de la pensée féminine.