Comment ça, « FIN » ?
Non non, sérieusement, stop.
Ça s’est mis à défiler à toute allure et ce, dès les premières pages ok, mais c’est pas une raison valable pour que le livre se termine aussi vite !
C’est abusé putain. On nous présente deux gosses irlandais, issus de milieux sociaux opposés, un conte pas si récent que ça puisque les codes des personnages puisent dans ce qu'on connaît déjà - une jeune fille bourgeoise et blanche qui tombe amoureuse d'un jeune garçon prolétaire blanc - et dont les rapports froids au lycée semblent tout opposer, mais qui se retrouvent attirés dans une fusion un peu malgré eux.
C'est au-delà de l’amour, quelque chose de plus fort encore, quasi âmesoeuresque si tu vois ce que je veux dire.
C’est donc ça la définition de l’Amour, vue par les milléniaux ?
Ça me rassure quelque part, qu’il y ait ces tensions universelles dans le couple, ces personnes avec qui on se lie, dont on se sépare et qui reviennent toujours d’une manière ou d’une autre parce que l’âme et le corps n’ont pas été au bout de ce qu’on aurait voulu.
J’ai tout aimé dans ce livre. Même les silences, qui ont été comblé par l’effet miroir sur le lecteur. C’est tellement évident de venir remplir les trous et d’y plaquer sa propre vie. On s’y sent bercé, mélancoliquement, d’une manière assez toxique je dirais, ça trouble beaucoup, Normal People.
Les regrets, les « j’aurai dû faire/dire ça moi aussi » et c’est justement pour ça qu’on est dégoûté que le roman s’achève si tôt. Parce qu'on y raconte pas ce qui se passe après.
C’est la période de l’entrée dans l’âge adulte. Pas l’après, pas le vieillissement, c’est le moment où tout est possible, où les décisions qu’on prend ont un impact réel sur la vie qu’on a pas encore vécu. C’est la piqûre de rappel de l’amertume, de la violence de la jalousie, du mensonge, d’accepter que l’autre parte parce qu’il n’y a rien à faire de plus.
Il y a tellement de choses à dire sur ce roman, tellement d’incompréhensions, tellement de thèmes abordés qui nous semblent loin, que la piqûre de rappel peut paraître violente à la lecture de certains passages.
J’ai un peu peur de voir l’adaptation en série malgré les notes positives, peur de ressentir ce que j’ai pu ressentir en regardant des séries telles que Skins (UK) et *The end of the F***ing World*.
Tout va bien hein, c’est de la peur superficielle, mais quand même.
En tout cas voilà 318 pages qui sont loin d’être gâchées en ce qui me concerne, et le temps passé à les lire encore moins.
Bravo, merci, je sais pas quoi dire d’autre Sally Rooney, je souris comme dans une phrase qui ressemblerait à « de violentes averses avec quelques éclaircies ».