Dans mes lectures 2022, le dernier roman russe de l'année aura été Oblomov.
Une belle découverte qui montre que l'on peut concilier style élaboré, récit d'inaction et fluidité de lecture (spéciale dédicace à Proust qui ne coche pas la 3ème case !).
En quoi est-ce de la littérature russe ?
Oblomov reprend quelques thèmes emblématiques du XIXème siècle russe :
- le servage qui sera aboli juste après l'écriture du livre (1861),
- le déclin de l'aristocratie, oisive et déconnectée de la réalité de la misère humaine,
- une certaine idée du romantisme slave, bien servi par son personnage principal, qui erre entre poésie, valeurs humanistes (la bonté) et émotion (voire émotivité).
Enfin, le style littéraire (pour peu que la traduction lui soit fidèle) semble très proche de Gogol, Pouchkine ou Tolstoï.
Ce que j'ai appris de l'Histoire ou de la Géographie de la Russie
Après la lecture de Crime et Châtiment et Anna Karénine, le contenu peut sembler moins descriptif. Néanmoins, on y trouve moult renseignements sur l'organisation sociale russe de l'époque sur :
- les "grades" administratifs,
- la gestion des aménagements dans les campagnes,
- les habitudes culinaires,
- les lieux de vie de l'aristocratie etc.
Ce que j'ai aimé, ou pas...
Le roman ne possède certes pas la profondeur philosophique et humaniste des livres de Dostoïevski ou Tolstoï.
Mais :
- il en a le raffinement du style ;
- surtout, là où le cycle d'A la recherche du temps perdu peut sembler un labyrinthe compliqué pour décrire des mondanités parisiennes triviales, Oblomov se drape d'une léthargie poétique et touchante. Le tout dans une simplicité descriptive qui n'enlève rien à l'ambiance empreinte de romantisme et de tristesse.
Bref, le livre a créé un mythe - l'oblomovisme - et cette "reconnaissance" est somme toute méritée : le récit est tout simplement brillant à partir d'un scénario pourtant aussi fin que du papier cigarette.