La Saga du Commonwealth est une série de science-fiction composée de deux romans, L'Étoile de Pandore et Judas Unchained. Les deux livres étant conséquents (pas moins de 1400 pages rien que pour L'Étoile de Pandore), l'édition française les a divisé en 4 volumes, dont Pandore abusée en est le 1er tome. C'est une information capitale dans l'appréciation de cette lecture : sans elle, la structure du récit devient déstabilisante et, surtout, décevante, Pandore abusée n'étant pas un roman complet.
Même en sachant celà, une fois le livre terminé je reste dubitatif. Si cette "introduction" (de 700 pages tout de même) dans la saga a beaucoup de qualités, elle souffre vivement de sa longueur. J'ai apprécié chaque instant de lecture, mais sans cesser de me demander quand est-ce que l'histoire allait véritablement commencer. Il ne se passe à vrai dire pas grand chose dans ce livre, pourtant épais. Peter Hamilton présente aux lecteurs, dans un style sobre (trop à mon goût), un univers plus qu'un récit.
L'univers en question est un véritable melting-pot de concepts de sf : téléportations via trous de vers, sphères de Dyson, clônages, implants cybernétiques, eugénisme, races extraterrestres, rajeunissement, immortalité, réalité augmentée, intelligences artificielles, robots, colonisation de planètes étrangères, mémoires sauvegardées, complot interplanétaire... l'auteur intègre tous ces éléments sans jamais que cela ne soit pénible ou gratuit. Le tout s'imbrique avec cohérence dans ce futur hypothétique qu'est le Commonwealth, la civilisation humaine éclatée sur des centaines de planètes. Seulement si cette vision de l'avenir est crédible (quoique certains extraterrestres m'ont fait hausser un sourcil), elle n'en demeure pas moins vide de profondeur. Ici il n'y a pas de questionnements moraux, sur l'immortalité ou le clônage, par exemple. Peter Hamilton fait de ces fantasmes des outils narratifs et non des sujets de réflexion, ce qui donne au livre un côté "pulp" étonnant vu le penchant scientifique (relatif, ce n'est pas de la Hard SF à la Kim Stanley Robinson) du livre.
Malgré toutes ces avancées technologiques, le futur de Peter Hamilton reste bien gentillet. Cet avenir ressemble beaucoup à notre présent, avec des pauvres et des riches, des gens qui partent en vacance, qui font des barbecue au bord de la piscine, qui se marient et divorcent, qui vont travailler à l'usine, qui portent des costumes-cravates, etc... Ça facilite grandement notre compréhension de la société, mais ça manque un peu de fantaisie et de transformations marquantes. À 300 ans, les individus ont toujours un comportement de quadragénaires. Il n'est jamais question de religion ni de sexualité (mis à part quelques épisodes ne sortant pas de la norme du XXIème siècle).
La grande frustration du livre est d'apprécier ce qu'il propose pour ne voir l'histoire débuter que dans ses dernières pages. Toutes les intrigues du livre (du moins de cette première moitié) auraient pu être bien plus courtes, et leurs connexions sont parfois inexistantes (dans ce "1er" tome). Il y a, par exemple, une intrigue policière, un double meurtre à résoudre, qui n'a strictement aucun rapport avec le coeur de l'histoire (la mystérieuse "disparition" de deux lointaines étoiles) et qui traîne en longueurs sans qu'on ne comprenne bien pourquoi. Ça n'est jamais désagréable à lire, mais parfois je me demandais : "pourquoi lis-je ça ?"
Reste de vrais bons côtés, l'ombre d'un mystérieux complot, quelques scènes marquantes (le dernier chapitre m'a beaucoup plu), des visions vertigineuses propres aux space-opera, l'envie de savoir ce qu'il va se passer, une grande variété de planètes, des idées intéressantes (le voyage interplanétaire... par trains), quelques personnages sympathiques,...
Difficile de juger un livre seulement sur sa première moitié ! Je garde une sympathie pour cette introduction, et je lirai un jour sa "suite", Pandore menacée, qui pourrait tout aussi bien faire oublier tous ces défauts, que les rendre impardonnables.