Je comprends tout à fait les déceptions et incompréhensions exprimées par certains dans leurs critiques à propos de ce livre. Je serais bien en peine d'apporter un quelconque éclairage utile car je n'ai moi-même strictement rien compris à la relation entre Komako et Shimamura, qui constitue pourtant la trame principale du récit.
Je n'en ai compris ni les codes, ni les enjeux, ni les non-dits, ni les degrés d'intimité ou de complicité, pour autant qu'il y en ait eu. C'est que l'empathie est le seul outil dont nous disposons pour déchiffrer les ressorts qui animent les autres, dans la vraie vie comme dans la vie fictive. Et l'empathie ne peut être vraiment mise en oeuvre que par effet miroir, dans une certaine communauté de manifestation des émotions et des sentiments. Or, comment, ici et aujourd'hui, se mettre à la place d'une jeune Geisha rurale ou d'un Tokoïte marié dans le Japon de l'entre-deux guerres? Comment saisir ce qui se joue dans leur rencontre dans une petite station thermale au pied des montagnes, reculée et traditionnelle?
Mais c'est précisément pour cette raison, que contrairement à mes camardes, j'ai savouré cette lecture comme un bonbon qu'on laisse fondre lentement sur sa langue. J'ai vite renoncé à appliquer mon propre prisme et ai accepté que le poul de l'histoire m'échappe. Je me suis alors laissée porter par le courant, sans lutter, pour m'emplir des impressions procurées par les évocations, les paysages, les caprices du temps et des saisons, les rituels du bain, du thé.
Je me suis satisfaite de bribes et de pointillés, comme on accepte de ne cueillir que les fruits sur les branches qui sont à portée de main ou écouter une conversation dans une langue qu'on ne connaît pas.
Je n'ai rien compris et ça m'a beaucoup plu et ça m'a beaucoup plu parce que je n'ai rien compris.
Allez comprendre...
Bonne lecture.
Amités,
Dustinette