Elle n'est pas rose la vie sur la Côte d'Azur sous la plume d'Olivier Adam mais à vrai dire le lieu importe peu si ce n'est pour le contraste entre le bleu de la mer et la grisaille des existences décrites dans Peine perdue. 22 personnages défilent en rang serré dans le livre, chacun d'entre eux avec sa vie comme tenue en laisse parce qu'elle n'est pas gaie ni heureuse mais dont on ne peut se débarrasser. Excès de mélodrame ? Adam se tient toujours en lisière. Sa vision des classes populaires de ce début du XXIe siècle est proche d'un certain misérabilisme. Ce n'est pas qu'on doute de cette vérité mais l'accumulation des malheurs, des précarités, des espoirs déçus et des renoncements frise l'overdose de noirceur. Cette ronde infernale se nourrit d'agressions, de tempête dévastatrice, de suicides et de tristesse incommensurable. Rien ne va plus, faites vos jeux. Au casino de la vie, tous les personnages de Peine perdue sont des perdants. Pas de leur faute semble dire l'auteur, mais celle de la société où les plus humbles trinquent toujours. Le livre, il faut l'admettre, est magnifiquement construit, roman choral où chaque chapitre répond à l'un ou plusieurs des précédents et fait avancer l'intrigue avec souplesse. Pris à part, chaque personnage a sa tonalité singulière que le style abrupt rend "palpable", hormis celui du mafieux du coin croqué de façon caricaturale. Peine perdue a beau agacer par sa tendance à amplifier la détresse des existences, il ne se lâche pas pour autant facilement. Sa loupe grossit les traits à l'excès mais elle n'en est pas moins évocatrice d'une certaine réalité sociale.