Qu'aurait dit Marc-Aurèle, presque 2 millénaires après sa mort, en découvrant que ses Pensées, écrites à son unique attention, sont devenues un des textes les plus célèbres de la philosophie ? Il tâcherait de ne pas rougir de honte, lui qui a appris à lutter contre ses passions mais a gardé, toute sa vie durant, une certaine modestie.
Bien entendu, de nombreuses personnes trouveront le texte vide au niveau métaphysique (qu'ils fassent davantage attention alors), ou encore rapide. Mais Marc-Aurèle ici ne veut pas exposer une doctrine, il s'exerce. Il note pour lui-même, comme un travail, des pensées qu'il méditera en les relisant. Il se forme son propre manuel de recueillement, ses propres médiations. L'empereur s'impose un devoir personnel.
Ainsi le texte doit être lu lentement, analysé, médité. Il ne faut pas également oublier l'énorme culture et les renvoie personnel que Marc-Aurèle réalise. Une connaissance du stoïcisme, du platonisme et de l'épicurisme apparaissent comme des éléments nécessaires pour percevoir certains passages du texte dans leur vraie lumière.
Marc-Aurèle se rappelle en boucle ses propres méditations, comme un exercice visant à s'approprier une certaine habitude de pensée : la mort n'est rien, le monde est organisé, nous sommes une partie du tout, il nous faut dominer nos passions, il faut être stoïque, il nous faut répondre à nos devoirs dans cette grande pièce de théâtre qu'est la vie.
Il y a donc une nécessité de s'attarder sur chaque pensée, de ne pas aller trop vite, de ne pas tomber dans la précipitation et d'apprécier, cette écriture fine et intime que l'auteur nous livre, comme un autre soi-même.