Il doit bien y avoir quatorze ans que je possède cette édition des œuvres de François Villon, autant d’années que je me promettais de la lire. C’est fait et ce ne fut pas lecture facile du fait du vieux français ici composé.
Il y a le plaisir de retrouver les vers de Villon chantés par Georges Brassens, il y a cette autre chanson de l’auteur sétois à laquelle on ne peut s’empêcher de penser, inspirée de ces œuvres complètes qui ne font que relater la triste et misérable vie du sieur Villon lui-même, et ainsi le plaisir partagé de se retrouver moyenâgeux le temps d’une lecture. Et dans ce voyage dans le temps qui nous est livré, il y a la peinture d’une misère qui semble toute aussi réelle que les misères d’aujourd’hui, une réalité toute aussi âpre et toute la difficulté de vivre parmi ses semblables dans le respect et l’égalité qui est la même de nos jours. François Villon juge ses pairs en leur léguant moulins à vents et médisances et l’on retrouve tout ce qui nous entoure, nos amis, nos amours, nos ennuis et les gens de tous les jours que l’on n’apprécie guère. Les vers de l’auteur résonnent en une symphonie humaine de la cacophonie des relations, comme une ode à l’adversité qui rythme nos vies, obligés que nous sommes de nous imposer pour exister, de ne pas nous laisser écraser pour se sentir vivre, de refuser de subir pour tenter simplement d’être…
Des vers qui font écho et relativisent nos quotidiens, où le sieur François Villon accompagne nos infortunes des siennes.
Matthieu Marsan-Bacheré