Les plus exquis breuvages, les plus purs alcools, sont ceux qui mordorés, aux fragrances puissantes, attendent longuement sur une étagère haute. On ne les lampe pas, au contraire on s'y noie. Leur arôme surprend, ils ont le bruit des fouets. On ne les comprends pas, c'est eux qui nous enlèvent. Nous brisent, nous ratiboisent, nous retournent et nous lavent.
Ils gardent, assurément, d'une élaboration si lente, des rebords tranchants. Venant des profondeurs, des ateliers obscurs, le silence aux alentours se fait. Mais ce qui, en soi, se lève, à boire à des coupes si franches, n'est qu'un feu, une absolue clarté. L'évidence. A la douleur mêlée.
On part, et l'on revient. On s'abîme, et l'on fond. La mer en nous remue, tout est brouillé ou rond. L'ivresse nous dissout, absence heureuse absence. Ce qui reste a la forme d'un fidèle fantôme. Un esprit - un souvenir- au gout fugace et doux.
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