"Pot bouille" d'Emile Zola est peut-être l'un de ses romans les plus réussi;
L'écriture est froide, ironique, cruelle; l'écrivain y cède moins à son habitude des descriptions allégoriques, enflées, qui ralentissent le rythme, et sont parfois répétitives; ici, l'évocation de l'immeuble suffit à satisfaire ce goût de la métaphore, et encore est-elle antiphrastique et baigne dans la noirceur; l'intrigue évolue de scènes familiales en petites comédies qui dévoilent l'ignominie des locataires, leurs débauches masquées, leurs appétits; Octave Mouret, jeune provincial avantageux, bellâtre, "monte" à Paris pour progresser sur le plan social; pas méchant type, gai, aimant les femmes, il loge d'abord chez un ami, puis finit par épouser Madame Hédouin, patronne d'un magasin de tissu; ce sera le début de son ascension social, poursuivie avec moins de cruauté dans "Au Bonheur des dames";
Zola fait ici la peinture de la bourgeoisie du milieu du siècle, avec une férocité qui n'épargne que les humbles dont il dépeint la misère et la dureté des conditions de vie;