Quand Zola décidait de disséquer la petite bourgeoisie, on peut dire qu'il n'y allait pas avec le dos de la cuillère ! En effet nous contemplons, dans ce dixième volume des Rougon - Macquart, qui marque la moitié du cycle, un portrait au vitriol de cette "entre-classe" dans laquelle le paraître va primer sur tout autre chose.
L'intrigue se déroule principalement dans cet immeuble faussement paré de dorures de pacotille et qui sera le théâtre des plus abjects traits de caractères humains. Propriétaires et locataires cohabitent cette demeure où chacun s'emploie à entretenir son bien paraître, mettant en avant une irréprochable vertu alors que la majorité se vautre dans le vice de l'adultère.De plus nous déambulons dans un monde régit par l'argent où tous les mensonges et les coups bas sont administrés sous son pouvoir ravageur.Nous ne pouvons donc qu'assister, une fois de plus déçu par la lamentable nature humaine, à une analyse sociale des plus percutantes dans ce petit monde concentrant ce qu'il y a de moins bon en nous.
Et, de ce flot de paroles, montait le respect, l'appétit furieux de l'argent dont elle avait appris le culte dans sa famille, en voyant les vilenies où l'on tombe pour paraître seulement en avoir.
Céard écrivait les quelques lignes suivantes en s'adressant à Zola et ça reflète parfaitement, selon moi, mon ressenti personnel à chaque fois que je le lis : " C'est un chef-d’œuvre d'humanité lamentable, de dignité triste et de technicité austère. Vous n'imaginez pas l'émotion qui vous prend à la lecture de ce chant de poésie médicale tout plein d'apitoiement pour la souffrance de la chair et la misère des déshérités. Vous avez découvert là une nouvelle beauté littéraire : ça se sent, ça, au frisson inconnu qui nous a tous couru dans le dos en vous lisant."