Extraite d'un recueil de nouvelles paru outre atlantique, Retour au pays est devenu un court roman sur le marché français. Se présentant comme le journal intime de Dame Carillon Valjine, il raconte les malheurs et découvertes de cette noble à la fibre artistique condamnée à suivre son mari dans l'exil sur les rives du fleuve du désert des pluies...
L'histoire se déroule dans l'univers de Fitz et d'Althéa, mais des siècles avant leur naissance. Notre troupe d'exilés dont fait partie l'héroïne seront les ancêtres des fondateurs des Trois-Noues, les premiers marchands du désert des pluies...
Récit à la première personne nous plongeant dans l'intimité de Carillon, on découvre son désarroi, ses frayeurs, sa frustration de perdre tout ce qu'elle possédait à Jamailla, son ambition d'artiste détruite, son statut de femme malmené, changé... Son ingéniosité dans ce pays étrange de jungle, marais et tourbières...
Si la plume de Robin Hobb est de très bonne facture (malgré le fait que son traducteur habituel Arnaud Mousnier-Lompré ne soit pas impliqué), le récit en tant que tel laisse sur sa faim. J'avoue, ce que je préfère dans les romans de Hobb, c'est en grande partie le temps qu'elle prend à distiller une atmosphère, à dresser les portraits de multiples personnages, à nouer ses intrigues et enjeux... En 142 pages, forcément, pas le temps. De fait, j'ai eu l'impression de lire l'ébauche de ce qui aurait pu être un excellent roman de survie, d'exploration et de mystères... Tout va un peu trop vite dans l’enchaînement des faits et les personnages n'ont pas le temps d'être étoffés.
Pour conclure, je dirais que cette longue nouvelle, si elle se lit sans problème et sera appréciée par tout fan de Robin Hobb, laisse cependant une impression non pas de gâchis mais de promesse non tenue. Plutôt que "Prélude", il aurait mieux valu parler de "Bonus".