Très joliment écrit, fouillé, mais pourtant décevant...
Paru en 2010, ce roman modérément uchronique et fantastique promettait beaucoup, et m'a un peu déçu...
1944-1945 : le Japon vit des heures sombres alors que la défaite inévitable se rapproche à grands pas. Une habile construction romanesque nous permet de suivre l'avancée de la fin et le sort de la tentation kamikaze à travers les regards d'un officier expérimenté de l'aéronavale, d'un jeune pilote et de son petit frère encore écolier, au milieu de dizaines de personnages historiques réels. Cette immersion dans la société militaire japonaise, les liens étroits entretenus entre religion et propagande durant ces terribles années, le rôle des différentes factions militaires et politiciennes : tout cela est superbement documenté et très habilement rendu (à la manière froide, toutefois, du bunraku - théâtre de marionnettes - comme l'explique l'auteur dans sa postface). Une belle bibliographie sur le sujet est d'ailleurs fournie en annexe, dans laquelle il ne manque guère que le remarquable "Japan's War" (1986) d'Edwin Hoyt (sans doute la meilleure étude disponible sur la guerre du Pacifique vue du côté japonais).
Là où le bât blesse quelque peu, c'est que les Japonais pilotent des dragons cracheurs de feu,... et que cet artifice fantastique, certes amusant, n'apporte au fond pas grand-chose au propos, alors qu'il tient une place très importante (quantitativement) au sein des 250 pages du roman. L'osmose entre pilote et animal / machine a déjà été particulièrement bien traitée et rendue par Ann McCaffrey, dès son "Dragonflight" de 1968, et les considérations produites ici n'ajoutent rien de notable à la saga de Pern...
Ce détour "raté" gâche donc quelque peu le plaisir d'une remarquable plongée dans la société japonaise, à un tournant de son histoire.