Salomé raconte comment la jeune princesse Salomé, fille d'Herodias et d'Hérode-Philippe demande à son oncle, Hérode Antipas, meurtrier de son père et nouvel époux de sa mère, la tête du prophète Jean-Baptiste après avoir accompli une danse exceptionnelle pour laquelle le Tétrarque de Jérusalem lui avait promis d'exaucer le désir de son choix.
Wilde, probablement en accord avec son époque, mais aussi en qualité d'athée et d'homosexuel, renverse l'aspect biblique du mythe pour concentrer l'essence de la pièce sur le personnage de Salomé qui y incarne une vision, disons-le, passablement machiste mais aussi terriblement romanesque de la Femme, qui d'ingénue et fragile devient destructrice et machiavélique lorsqu'elle découvre et tente d'assouvir ses désirs pulsionnels. Une vision lourde d'ambivalence aussi, qui encense la féminité à travers une danse voluptueuse et sensuelle (la fameuse "Danse des sept voiles") mais décrie la cruauté et l'insensibilité du crime par lequel passe l'assouvissement de ce besoin de possession.
La structure de la pièce, la qualité de son texte (malgré certaines faiblesses), l'intemporalité de son déroulé, me semblent d'avance en faire un petit délice pour metteurs en scène, de ces textes que chacun adaptera à sa manière, de la forme la plus classique en costumes jusqu'à la livraison dépouillée de tout artifice d'un texte brut, en passant par les lectures modernes et déjantées qui fleurissent de nos jours.
Wilde a par-dessus tout cristallisé avec cette pièce l'essence d'un mythe, celui de Salomé, qui a profondément marqué l'histoire de l'art, voire même celle de la pensée.