De l'utilisation que l'on puisse faire d'un épi de maïs !!!
J'avais déjà lu auparavant de William Faulkner "Le Bruit et la Fureur" et j'ai découvert un écrivain qui n'aimait pas caresser le lecteur dans le sens du poil mais qui par contre aimait le marquer profondément. "Sanctuaire" me confirme dans ce jugement. Faulkner ici ne décrit jamais, il suggère... Cela peut légitimement en agacer certains, mais moi j’adhère à ce style. Ce dernier force la réflexion, la recherche et ne fait que mieux laisser son empreinte dans l'esprit de celui qui le lit.
Une fille de bonne famille victime d'un viol, d'un kidnapping et de séquestration qui apparaît plus consentante que victime, un bourreau qui cache sa faiblesse en étant violent (ce que l'on peut faire avec un épi de maïs !!!), un meurtre, un innocent accusé au passé trouble, un Sud où on peut faire de la contrebande d'alcool, se saouler même si on est un gosse, avoir des habitudes sexuelles tordues si on sait les cacher, lyncher sans le moindre problème mais où il est intolérable de vivre en couple avec un enfant sans être marié, un Sud où règnent en parfaite harmonie l’hypocrisie, le puritanisme, le racisme, la xénophobie, la violence. Un Sud où chacun se complaît, victime et/ou bourreau, dans la déliquescence. Seul l'avocat Horace Benbow, unique personnage positif du lot, essaye de changer positivement les choses mais il ne donne pas l'impression de faire partie du groupe.
William Faulkner montre son Sud natal comme étant un lieu profondément pourri et irrécupérable ; ce qui n'empêche pas la beauté de l'écriture où l'horreur est écrite en filigrane mais n'en est ainsi que plus mémorable. Un grand roman assurément...!!!