Comment évaluer ou faire la critique d'un tel bouquin ? Et même le faut-il ? Y a t-il des façons plus ou moins bonnes de raconter l'horreur des camps à Auschwitz ? Primo nous raconte dans Si c'est un homme son année, 1944, au Lager, le camp de travail dont il est rescapé. Il serait difficile d'encenser une telle œuvre sans avoir le sentiment d'approuver ce qui constitue les bases de son contenu. Pourtant, je le recommande 100 fois. Son titre en dit long, comment rester un homme quand nous ne sommes plus qu'un numéro, une ration de pain. Finalement, qu'est-ce qu'un homme ? J'ai admiré le tourment de cette idée constante même dans les heures les plus sombres de Levi. Il nous prouve qu'une foi en l'humanité n'est jamais vaine et qu'elle peut être l'étincelle qui non seulement nous élève mais nous sauve.
Devoir de mémoire certes mais considérons-nous, lecteurs de Si c'est un homme, comme des privilégiés qui ont la "chance" d'avoir entre les mains un témoignage tout droit sorti des flammes de l'enfer. Honorons ce risque, cette bataille et cet effort entrepris.
Enfin , ce qui a peut-être également joué, c'est volonté que j'ai tenacement conservée, même aux heures les plus sombres, de toujours voir, en mes camarades et en moi-même, des hommes et non des choses, et d'éviter ainsi cette humiliation, cette démoralisation totale qui pour beaucoup aboutissaient au naufrage spirituel.