Il faut déjà admettre que le découpage tel qu'il est, en si courts chapitres, permet une lecture rapide ; le rythme est constant, les récits de chacun des personnages s'enchaînent facilement (quoique la forme ainsi déstructurée et le changement de point de vue incessant puissent fatiguer certains lecteurs). Si l'ensemble se lit bien, quelques ellipses malvenues, pensées pour entretenir le suspense, freinent parfois la compréhension et donnent l'impression d'avoir manqué un chapitre.
Quant aux personnages, ils sont assez ternes ; ils sont ancrés dans le présent, n'ont ni passé, ni futur (hormis Juliette, celle qu'on pourrait considérer être l'héroïne). Aucun d'entre eux n'est vraiment attachant, comme s'ils avaient tous été jetés là pour servir la cause de l'auteur, à savoir écrire quelque chose ; ainsi, les scènes de guérilla qui auraient pu être incroyablement oppressantes et inquiétantes car se déroulant dans un espace restreint, flottent simplement sur les pages du livre, sans que jamais je n'aie craint pour la vie d'untel ou d'untel. Ces personnages (notamment les soldats anonymes du DIT) sont des pions : d'où viennent-ils ? qui sont-ils ? que veulent-ils ? Les motivations sont floues, alors l'éclat des scènes d'action (ou émotion) en pâtit.
Enfin, le schéma répétitif « espoir → mort » est bien travaillé (les deux premières parties du roman sont excellentes à ce niveau), tout comme l'idée de communication (omissions, mensonges, opportunités manquées, etc., tout ceci est symptomatique du mal-fonctionnement des sociétés modernes).