Je partais sans grande conviction, les romans post-apocalyptiques étant à la mode ils ressemblent facilement à des commandes sans grandes qualités. Mais faisons confiance à Actes Sud et à raison ! Ce titre est un très bon choix pour amorcer leur nouvelle collection SF. Il est captivant, accrocheur, percutant et tous leurs synonymes !
L’action est menée tambour battant, attendez-vous à être secoué à chaque chapitre. Ce rythme peut être expliqué du fait que l’auteur se soit d’abord auto-publié sur Internet. D’où les revirements et surprises fréquentes en fin de chapitres appâtant le lecteur pour la prochaine parution. Le tenant en haleine jusqu’au bout. Sachant cela je trouve que l’ensemble des chapitres est assez cohérent. L’auteur aurait pu avoir le travers de ne pas recouper les histoires, de ne pas garder un fil conducteur profond. Je peux comprendre que certains trouvent les rebondissements trop fréquents, que trop c’est trop. Finalement ce style d’écriture est assez peu courant dans la littérature mais dans tous les cas je trouve cet usage intéressant et non superflu au récit.
Il faut noter la différence de narration dans le 1er chapitre et le reste. Ce premier étant plus axé sur la psychologie d’une personne. Ses tourments très personnels. Je vois cette partie comme une bonne introduction à laquelle il ne faut pas s’arrêter : lente avec dissémination parcimonieuse des éléments centraux de l’histoire avec l’habilité d’y mettre ce qu’il faut de mystère. Une bonne installation du contexte pour ensuite entrer dans le cœur du sujet à vitesse grand V. Le fait que la suite soit traitée différemment aurait pu être dommage si celle-ci n’avait pas été réussie or ce n’est pas le cas. Préférer ce début n’est alors plus qu’une question de goût sans rapport avec la qualité.
Concernant les personnages ils sont multiples et attachants. Les secondaires ont bien leur place dans le récit. Et aucun n’est immortel rajoutant plus de crédibilité vu les évènements. Quelques clichés ou facilités sont présents mais à mon goût ils sont assez minimes pour ne pas décrédibiliser l’œuvre.
Du point de vue de la description elle reproduit très bien les sensations d’oppression dû à l’enfermement dans le silo ; de chaleur au fin fond du bâtiment, à l’extérieur ou encore dans les combinaisons des nettoyeurs ; de fatigue lors des multiples ascensions et descentes des escaliers. Tout ceci participe grandement à cette plongée tête baissée que nous faisons dans cette histoire une fois les premières pages parcourues.
Ce que vous trouverez dans ce livre n’est pas une vision/approche révolutionnaire du genre post-apocalyptique mais une œuvre qui use très habilement des codes classiques en y ajoutant indéniablement un sacré paquet de piquant. Vous retrouvez les enjeux de pouvoirs, la (re?)naissance de la censure, la reproduction du modèle (tant bien que mal) d'avant catastrophe pour pallier au chaos, l'acceptation d'une société hyper-hiérarchisée et cloisonnée pour la survie, un calme ne tenant qu’à un fil, etc.
Il mérite un 8 car une fois ces 600 pages, quasiment dévorées d’une traite, on en redemande immédiatement telle une drogue. Heureusement c'est une trilogie.