Difficile d’émettre un avis tranché sur ce livre. Pour ce qui est de la forme, la narration est fluide et le bouquin se lit d’une traite. Quant au fond...
Je suis assez déçu que le thème de la misère sexuelle doive éclipser ceux de la politique ou de la spiritualité. Les discussions avec les différents intellectuels (l’ancien agent des services de renseignement et le ministre fraîchement converti) mériteraient plus d’exhaustivité, c’était sans doute les moments les plus agréables à lire.
Le scénario de révolution islamiste en douceur est peu ou prou crédible, à mon sens. Il est vrai qu’un choc des civilisations doux n’est pas à exclure dans un monde où le pouvoir de l’influence surpasse le pouvoir de la contrainte. Par contre il y a bien un point qui fâche : quid des identitaires dont on entend plus parler après la première moitié du livre ? On aurait pu assister un soulèvement populaire plus organisé encore que les gilets jaunes.
Cependant, je note tout de même une grande lucidité sur les mœurs actuelles, de Houellebecq, qui frise le naturalisme littéraire. La thèse avancée par l’auteur d’un retour péremptoire à l’immatérialité et aux valeurs métaphysiques en occident est fort plausible, même s’il est véhiculé par l’islam, éternel ennemi de la sainteté qui forgea notre Histoire. Dystopie illustrée par un protagoniste matérialiste au possible et dirigé ex cathedra par ses instincts de mâle reproducteur, qui le pousseront à revoir ses idéaux.
En fin de compte, la question qui m’a parcouru l’esprit tout au long de ma lecture, est la suivante : la civilisation occidentale et ses hommes modernes nécessitent-ils vraiment un nouveau Charles Martel afin de trouver le salut ?