Attention : Ceci n'est pas un flim sur le cyclimse
Et ce n'est pas non plus un bouquin sur l'islam, ni même contre l'islam d'ailleurs, comme on a pu l'entendre ici et là.
Soumission est un livre sur la décadence, le déclin, la chute et la mort des civilisations, et tout particulièrement d'une civilisation occidentale, judéo-chrétienne et gréco-latine au bout du rouleau.
Le personnage central du livre est l'incarnation de cette décadence. C'est un obscur prof de fac, sans ambition, sans envie ni passion. Un personnage qui se caractérise par une grande passivité tout au long du récit, qu'il traverse sans jamais influer sur le cours des événements. Il est le spectateur de sa propre vie et de la déliquescence d'une société française orpheline de ses repères et de ses valeurs.
Entre la figure du fonctionnaire qui a terminé sa vie à 25 ans et qui passe le reste de son existence terrestre à attendre la mort au point de parfois souhaiter qu'elle arrivât au plus vite, l'incapacité à s'attacher à qui que ce soit au point de devenir étranger à tous, en commençant par sa parenté, la vaine recherche du bonheur dans une sexualité débridée très "Dodo la saumure", faite d'une interminable succession de coups d'un soir, le texte s'attaque férocement à notre société post-moderne.
Dans ce contexte, l'islam apparaît tant comme le révélateur de la faiblesse morale de l'occident que comme porteur d'un renouveau. Si l'auteur de se prive pas de pointer les travers de la foi musulmane, et particulièrement le statut qui y est réservé à la femme, il présente néanmoins l'avènement de l'islam comme un progrès par rapport au désert spirituel de la France du XXIème siècle.
Le recentrage sur la famille comme foyer de la construction de l'individu et comme pilier de la solidarité dans la communauté, la fin de l'érotisation permanente de la sphère publique, le retour de l'homme pris comme chef de famille et responsable des siens ou encore le sentiment de participer à quelque chose de plus grand que soi font parti des apports du président musulman et entraînent l'adhésion de la population.
C'est sans doute ce point qui est le plus frappant dans le livre. Il n'a pas de révolte, pas de guerre civile, pas de protestation mais une simple soumission. Les partis politiques traditionnels après avoir fini de miner la France, en livrent les clés aux nouveaux venus dans un ultime acte d'opportunisme politicien.
Dès lors, le pays commence sa grande mutation par petites touches. Ce n'est pas le grand soir qui est présenté mais le renoncement pacifié d'une Europe fatiguée et honteuse d'elle-même. Et qu'importe si les conversions sont opportunistes ou carriéristes puisque personne ne conteste le nouveau pouvoir.
S'il est brièvement fait état de la terreur éprouvée par ceux qui sentent leur pays leur échapper, ceux qui n'ont pas de base de repli, il apparaît clairement que l'occident chrétien est mort faute de savoir exercer sur les masses le pouvoir d'attraction et de fascination d'une foi simple et sûre de son pouvoir et de son destin.