Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ces quelques nouvelles, et c'est d'autant plus frustrant de ne pas les voir arriver jusqu'au bout. Day a quelques idées très originales et sait utiliser ses références en SF mais la construction de ses récits reste encore au stade de brouillon. Peut-être aurais-je dû aborder Thomas Day par autre chose que ses premières nouvelles (pourtant j'ai lu la version retravaillée, émaillée d'ailleurs d'un nombre de fautes de grammaire que je n'ai pu voir dans aucun autre bouquin que j'ai lu, mais admettons, c'est accessoire), peut-être réussit-il mieux dans la longueur à bâtir ses romans. Il n'empêche qu'il y a des tas d'éléments que j'aurais aimé qu'il développe plus et des tas d'autres qui ne m'auraient pas manqué.

Presque toutes ses nouvelles ont une grosse part d'obscène, que ce soit côté violence ou côté sexe, qui est plutôt mal amenée quasiment à chaque fois. J'hésite entre penser que l'auteur s'est lâché pour se faire plaisir sur ces passages, ou bien qu'il a cru (à tort) que c'était nécessaire pour intéresser son lecteur. En tout cas, ce n'est pas travaillé particulièrement au niveau du style, les scènes ne sont pas plus originales qu'ailleurs, la violence et le sexe ne sont pas plus choquants que la plupart des nouvelles de SF de ce genre, et le fait que ces passages apportent peu donne l'impression qu'ils sont gratuits.

J'ai beaucoup aimé le début d'Une forêt de cendres : le cercle de ténèbres est une très bonne idée et je m'attendais à ce que ce soit le centre de la nouvelle. Au final, ce n'est qu'un prétexte pour pouvoir camper un décor dans un monde presque retourné à l'état médiéval dans lequel les guerriers se déplacent à cheval et ont des armes sophistiquées. Qu'à cela ne tienne, Londres est très réussie, ville où les restes d'architecture sont dévorés par des plantes qui se nourrissent de verre, de pierre et de métal, où même la reine est ravagée par des vers qui se faufilent sous sa peau et où le bordel est l'endroit le plus hygiénique...

Et puis voilà, l'histoire se déporte sur une intrigue politique qui aurait pu se dénouer en quelques pages, puis entre en scène la "communauté de l'arbre" dont on n'apprend quasi rien, excepté qu'ils ont tout juste, tout compris, qu'ils sont trop forts et que leur salut face aux ténèbres est garanti. Ouf ! On est rassuré.

Au passage, les références à Dune m'ont beaucoup plu : le personnage principal, le duc Paul, est une espèce d'anti Paul Atréides, violent, sans scrupules et qui, loin de maîtriser les vers (des sables), est rongé par cette maladie. Un personnage qui démembre des nourrissons sans hésitation, mais qui écrit à sa mère défunte "J'aurais voulu être un homme bon". Un homme qui place des farandoles d'enfants sur l'île de Skye pour repousser le cercle du Mal, mais qui les nourrit de la chair de leurs parents. Il aurait pu avoir une telle profondeur, si seulement l'auteur ne s'était pas concentré sur autre chose...

La Mécanique des profondeurs a également un début original. Le concept de bulles de vie sous l'eau, avec des êtres humains qui ont muté pour être plus adaptés à la vie aquatique aurait pu occuper un roman entier. Dommage que la nouvelle dérive sur un délire incompréhensible de Nouvelle Vague qui se déchaînera (pourquoi ? comment ? ça servira à quoi ?) quand le père de l'héroïne lui aura tatoué le corps (après quelques rapports sexuels quand même, parce que c'est vrai que cette nouvelle était presque soft jusque là, ça manquait).

Finalement, presque toutes les nouvelles ont ce problème : un bon concept, un début prometteur, et puis tout retombe comme un soufflé raté parce que l'auteur s'est focalisé sur une partie moins intéressante de l'histoire. Un style qui coule pas trop mal et des références variées mais qui n'ont pas suffi à me faire accrocher.
Calimaille
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le 10 janv. 2014

Modifiée

le 10 janv. 2014

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