« Ce qui est derrière moi est devant moi. On ne peut jamais trouver la paix, pensait amèrement Futaki. »
C’est un éternel recommencement que la vie de Futaki et des autres habitants de son village battu par les vents et la pluie dans la campagne hongroise : une vie rurale dont chacun rêve de s’échapper, mais dont les journées se terminent toujours de la même façon, à ressasser les mêmes rancœurs à l’auberge, en sirotant de la palinka. Jusqu’au jour où la rumeur annonce qu’Irimias et Petrina, qu’on croyait morts, sont de retour au village. Cette résurrection sème le trouble parmi les villageois : sont-ils venus pour les sauver ou les damner ?
Dans une atmosphère déliquescente à souhait (quelque part entre le Ruban blanc d’Haneke et les Saisons de Maurice Pons), Laszlo Krasznahorkai met en scène des êtres veules et mous, comme pourris de l’intérieur, qui veulent croire un instant que toute leur culpabilité pourrait être effacée par l’intervention d’un homme un peu plus brave qu’eux. Une très cruelle réflexion sur la foi et la pénitence par celui qui est décidément pour moi un des plus grands romanciers vivants (un Nobel, et vite !).