C'est l'un de ces romans qui font que je m'inquiète pour la santé mentale de l'auteur : si on accepte que les personnages (principaux surtout) sont des facettes de l'écrivain, alors Mo Hayder est clairement dérangée, en souffrance. Grey la détraquée, Jason le pervers, les Russes pleureuses, Shi Chongming le lâche, Fuyuki l'ogre, la Nurse monstrueuse... Il n'y a pas un personnage positif ; difficile donc de suivre cette histoire avec émotion.
En outre, les deux récits imbriqués suintent l'un comme l'autre la bassesse, illustrent une déchéance de la nature humaine si permanente dans sa représentation que même les épisodes historiques, plus intéressants que l'errance d'une âme en peine dans un Tokyo éternellement gris, n'ont pu éclairer mon visage.
Il fait trop noir dans ce livre. Et s'il y a bien quelques passages au suspense travaillé qui réveillent l'esprit, c'est sur le tard, quand déjà tout le puzzle a été reconstruit par le lecteur attentif.