6 biographies, au moins, lui ont été consacrées en anglais, sans compter de nombreux articles et un documentaire qui a obtenu un Oscar dans sa catégorie. Vivian Maier est sortie de l'anonymat post-mortem et son talent de photographe de la rue et des sans-grade enfin révélé au monde. Mais sa vie, au-delà des grandes lignes, semble se refuser à l'analyse et à la compréhension autour de cette passion de la photo que même ceux qui l'a côtoyèrent ne jugèrent pas davantage que comme un hobby et n'y virent aucune trace d'un tempérament d'artiste. Au moment de zoomer sur son existence, Gaëlle Josse s'est sans doute interrogée sur la manière de faire pour lui rendre hommage. Une biographie ? Pas vraiment. Un roman ? Pas complètement. Une femme en contre-jour serait plus tôt un entre-deux, un vue panoramique, une mise au point en variant la profondeur de champ, en choisissant des angles particuliers dans une composition sans filtre, dans la mesure des connaissances acquises jusqu'alors. On retrouve avec bonheur la délicatesse de ton de l'auteure, malgré tout gênée aux entournures par l'obligation de donner des repères précis dans la biographie de Vivian Maier. On se dit qu'elle aurait pu aller plus loin dans la fiction et imaginer plus avant "sa" Vivian. Cependant, devant la modestie et l'absence d'envie de l'objet de son étude à rechercher la célébrité, il est assez logique que Gaêlle Josse se contente d'un récit qui ne fait que légèrement détourer les traits de son héroïne. Le livre donne fortement le désir de se plonger dans les clichés de Vivian et c'est bien là sa vertu essentielle.