Un récit massif, ni bien ni mal écrit, qui se lit comme ça (insérez ici une image de pages tournées vite), parfois en sautant quelques paragraphes qui n'ont d'intérêt ni pour l'histoire ni pour le style. Il y a tout de même de jolies phrases qui se jettent à la figure du lecteur, plus figurées justement, construites pour la plupart sur des attelages amusants ; cette disparité dans les mots se joint à celle des personnages principaux, Mimo le nain génial et Viola le génie nié, qui sont deux des plus grands stéréotypes jamais croisés en littérature.
D'eux, je n'ai rien tiré vraiment ; ils s'aiment et ne savent pas aimer, fin de l'histoire. De leurs passions respectives, en revanche, j'ai appris, surtout de la sculpture grâce au protagoniste — parce que l'intérêt de Viola pour l'aviation s'écrase vite dans les monts encrés du roman. C'est que Jean-Baptiste Andrea fait de son personnage masculin un maître dans cet art assez rarement traité en fiction, qui côtoie évidemment les souvenirs de maîtres réels : le polyvalent Michel-Ange, les peintres Fra Angelico et Véronèse... Ils sont convoqués là, parfois dans des passages quasi biographiques, pour donner du crédit à Mimo et à sa vie, une vie à la Rimbaud, avec des hauts et beaucoup de bas, une vie d'allers et de retours, de fuites vers un passé irrattrapable. Ce mouvement crée évidemment la rencontre avec une foule de personnages annexes, parfois ahurissants de fadeur (le nain du cirque), parfois plaisants mais mal dégrossis (Francesco, l'abbé manipulateur). À tout ceci s'ajoute enfin le mystère entourant une œuvre d'art signée Mimo, mystère entretenu jusqu'à la dernière page et plus métaphysique que dans Da Vinci Code, qui conduit à une affirmation blasphématoire qui me gêne profondément.