Que j'ai apprécié la première partie de ce roman ! « La Fenêtre », de son titre, introduit une dizaine de personnages, tous attirés et consumés à la fois par l'un d'entre eux, Mrs Ramsay, comme le sont les papillons de nuit par une flamme. Mère, épouse, femme, elle illumine chacune des pages où son nom est mentionné, tandis que l'auteur, très fidèle à son style, pénètre les consciences des êtres d'encre qu'elle a créés.
Il y a une scène de dîner sublime, sans doute la plus mémorable, pendant laquelle les pensées de chacun virevoltent au-dessus de la table, admirant, critiquant, assassinant les commensaux un à un dans un tourbillon de phrases poétiques. Tristement, les deux parties suivantes, certes moins longues mais au charme moindre, ont refroidi mon enthousiasme premier ; mon intérêt pour le récit est allé décroissant jusqu'à une fin dont je ne garderai sans doute aucun souvenir. Néanmoins, c'est à ce jour le roman de Virginia Woolf qui m'a le plus emballée.