Mon amie libraire ne s'y est pas trompée : ce récit, le premier de la belle Hyam Zaytoun, comédienne de son état, est de ceux qui vous marquent. De ceux qui, pour peu qu'on ait l'âme sensible, font éclater en sanglots dès les premières pages. Si vous le lisez dans votre lit, en compagnie de votre aimé(e), vous aurez l'envie furieuse de vous jeter sur ce(tte) dernier(e) pour l'implorer de ne jamais vous abandonner ainsi.
Difficile de ne pas s'identifier quand on est, comme la narratrice, un jeune couple avec enfants en bas âge, qui se dispute, se boude dans le lit puis le regrette. Le regrette d'autant plus que cette nuit-là, Hyam va devoir pratiquer un massage cardiaque sur son compagnon.
Le récit suit ensuite une semaine d'hospitalisation, d'amis inquiets, de médecins désemparés, de coma silencieux et de prières qu'on espère pas vaines. Bien sûr, je pense à tous ceux qui ont utilisé l'écriture comme un support, un soutien, pour garder la tête hors de l'eau et mettre la tragédie à distance. Je pense à Jean-Michel Espitallier, à Olivia de Lamberterie. Hyam Zaytoun est de cette grande famille de l'encre intime, du journal de bord qui fixe le cauchemar sur la page pour espérer le faire mentir.
Avec une grande économie de moyens, une invariable sobriété dans la restitution de l'émotion, Hyam nous touche toutefois de plein fouet. L'empathie est totale pour celle qui traverse un enfer qu'on ne saurait souhaiter à son pire ennemi.
Elle en profite pour livrer un puissant témoignage sur la condition des mères, le courage que l'on déploie par gros temps, les ressources inattendues dans lesquelles on puise sans y croire, par amour pour sa descendance.
Vigile est non seulement une belle déclaration d'amour à cet homme chéri, à présent entre la mort et la vie mais aussi à ceux sur qui l'auteure a pu compter et qui l'ont aidée à tenir malgré les pronostics désespérants.
D'aucuns ont pu railler le caractère tire-larmes du récit, mais le sujet ne peut que provoquer le torrent lacrymal et ne peut pas ne pas nous émouvoir. Toutefois, je n'ai pas trouvé un pathos excessif ou une volonté de faire pleurer les chaumières. J'y lis davantage un plaidoyer en faveur d'une formation indispensable aux premiers secours, qui permet de sauver bien des vies.
Un chant d'amour intense et poignant que je n'oublierai pas de sitôt.